«

»

mai
17
2012

Tango, cumbia : deux cultures différentes, un passé commun

Quel est le point commun entre le tango argentin et la cumbia colombienne ? Leurs racines africaines. La rencontre qui se fera le jeudi 24 mai 2012 au Cabaret Sauvage de Paris entre le chanteur de tango Ariel Ardit et l’orchestre Cumbia Ya aura pour objectif de mettre à l’honneur les ressemblances entre ces deux genres musicaux de l’Amérique du Sud.

D’un côté, Ariel Ardit nous fera voyager en Argentine avec des tangos traditionnels des années 1940. Aux côtés de son Orquesta Tipica, il présentera leur nouvel album « A los cantores ». L’orchestre est réputé pour sa qualité et son humour. Ariel Ardit, bien peu connu en France, est pourtant devenu une référence dans le monde du tango. Ce chanteur argentin a commencé sa carrière dans l’ensemble El Arranque en 1999 avec lequel il enregistra 4 albums. En 2006, il débuta sa carrière solo et enregistra encore 3 albums. En 2010, il fonda son Orquesta Tipica, qui était alors dirigé par Andrés Linetzky. Aujourd’hui âgé de 38 ans, c’est avec cet orchestre qu’il va nous transporter dans l’Argentine du début du 20ème siècle.

Voici Ariel Ardit chantant « Mariposita » :

De l’autre côté, l’ensemble Cumbia Ya présentera son deuxième album « No me busques » (disponible sur iTunes) et nous fera découvrir les sons de la Colombie des années 50, en hommage au clarinettiste et chef d’orchestre colombien Lucho Bermudez. Cet orchestre de 11 musiciens a été formé à Paris il y a une dizaine d’années et est dirigé par la chanteuse et clarinettiste Soledad Romero. Il nous garantit un spectacle vivant et rythmé, avec des compositions originales et jazzy.

Voici le groupe lors d’un de leurs fréquents concerts à Paris :

Il faut savoir que la cumbia est née en Colombie au 17ème siècle. Des variantes migrèrent ensuite vers la Panama, Cuba, puis la Bolivie, le Pérou et plus récemment en Argentine. Ce genre musical et cette danse proviennent de la fusion de 3 cultures différentes : la culture noire avec l’apport des esclaves, la culture blanche avec les espagnols jadis présents en Colombie et la culture indienne. Ainsi, au commencement, les esclaves africains arrivés sur le territoire se servaient de tambours. Plus tard, les indiens des Antilles ont ajouté les ocarinas, les flûtes et les maracas et les espagnols colonisateurs ont apporté la mélodie, les paroles et la danse. Le mot même cumbia viendrait de l’africain. En effet, il proviendrait de la langue bantù dérivant du mot « cumbé », rythme et danse de Guinée Equatoriale (Afrique de l’Ouest). De la même façon, il faut savoir que le mot tango aussi dériverait de l’africain. Il aurait également été donné par le peuple bantù et Ta Ngo signifiait alors « dis non », ce qui avait une relation avec le refus de l’esclavage. Ainsi, lors de la traite transatlantique, le mot « tango » nommait le lieu où l’on parquait les esclaves avant leur embarquement vers les Amériques. Ce même mot nommait le lieu où ils débarquaient une fois arrivés à Rio de la Plata, en Argentine. Au 19ème siècle, le mot « tango » était utilisé pour désigner les danses pratiquées par ces esclaves noirs d’Argentine. Puis les immigrés d’Europe de l’Ouest et de l’Est sont arrivés dans le pays, apportant ainsi des instruments allemands et des musiques italiennes, et c’est devenu le tango que nous connaissons aujourd’hui…

Nous comprenons ainsi le passé qui rapproche le tango argentin et la cumbia colombienne : des musiques et des danses nées de la rencontre de l’Afrique Noire et du continent américain, avec l’apport de la culture européenne. C’est la raison pour laquelle le concert de jeudi prochain a tout son intérêt : faire succéder deux styles musicaux afin de montrer au public parisien ce métissage riche et original et lui faire revivre l’ambiance des milongas de l’époque, le tout en 4 généreuses heures de temps !

Retrouvez ici toutes les informations sur le concert au Cabaret Sauvage.

Laisser un commentaire

Votre adresse ne sera pas publiée.

Vous pouvez utiliser les balises HTML suivantes : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>