La danse contemporaine fait son entrée dans la 4ème édition de Danse avec les Stars, émission revenue sur TF1 depuis le samedi 28 septembre dernier.
A côté des danses de couple standards telles que le fox-trot, le quick-step, le chachacha ou encore la rumba, la danse contemporaine me parait être parmi les danses les plus compliquées à exécuter, surtout pour des danseurs non professionnels. Avec près de 5h d’entrainement par jour, nos stars arrivent plus ou moins facilement à danser sur des danses standards car elles sont très codifiées et demandent rigueur et concentration, et aussi un minimum d’interprétation. Mais dans la danse contemporaine, tout est dans l’interprétation et dans le ressenti, les codes sont en arrière-plan. Il faut un lâcher-prise phénoménal et une conscience de son corps énorme, chose qu’il est plus facile à faire pour des danseurs expérimentés qui n’ont plus de barrières et qui maitrisent leur danse que pour des candidats novices qui doivent déjà rester concentrés sur les pas à exécuter.
Et pourtant, lors du premier prime déjà, les chanteurs Damien Sargue et Keen’v ont carrément réussi le pari ! On a pu voir dans les vidéos des entrainements qu’ils ont pas mal peiné à exprimer leurs émotions, à libérer leurs craintes, à ouvrir leur cœur et à se dévoiler, mais à mon sens, ils ont superbement interprété et habité leur danse. Idem pour le danseur de break (et fiancé de Madonna) Brahim Zaibat lors du deuxième prime. Même si les membres du jury n’avaient pas tous le même enthousiasme devant les prestations, le mieux est de se référer à l’avis de Marie-Claude Pietragalla, experte en matière de danse contemporaine. Et je rajoute d’ailleurs, sans vouloir être mauvaise langue, qu’elle est selon moi le seul membre du jury qui donne des conseils pertinents aux candidats et qui n’hésite pas à les féliciter et à les encourager à aller de l’avant. C’est comme cela que l’on donne envie aux personnes qui connaissent peu de choses à la danse de continuer et de se donner à fond pour prendre du plaisir, pas en relevant tous les soucis techniques et les crispations dus au trac, comme le fait régulièrement Chris Marques. Les deux autres membres du jury, Jean-Marc Généreux et Shy’m, restent encore assez sincères dans leur notation et leurs remarques, même s’ils sont encore un peu durs avec certaines stars (question de préférences je pense).
La danse dite contemporaine a vu le jour en Europe et aux Etats-Unis après la Seconde Guerre Mondiale. Elle provient de diverses techniques de danse et d’esthétiques apparues au cours du 20ème siècle et elle connait une envolée extraordinaire à partir des années 1960 avec les chorégraphes Merce Cunningham et Trisha Brown. En France, cette impulsion se développe avec Alwin Nikolais et en Allemagne, les travaux de Pina Bausch deviendront une référence pour la danse contemporaine. Cette danse est une réflexion sur le mouvement et la représentation du corps. L’improvisation y tient une place essentielle. Le ressenti également, l’ouverture des émotions, le partage, l’écoute de soi et de l’autre. Elle emprunte les techniques de la danse moderne, de la danse classique comme aussi bien du théâtre, de l’architecture, du cirque, tous les métiers artistiques y sont représentés. La danseuse espagnole Blanca Li est également très réputée pour ses spectacles et son aisance dans l’exercice de cette danse.
En France, nous avons donc Marie-Claude Pietragalla, qui a fêté ses 50 ans cette année. Elle a rejoint l’équipe du jury de Danse avec les Stars l’année dernière, en remplacement d’Alessandra Martines en raison de sa grossesse. C’est sa personnalité forte, exigeante, professionnelle, engagée et passionnée qui plait aux spectacteurs. Pietra a suivi les cours à l’Ecole de Danse de l’Opéra de Paris dès l’âge de 9 ans avant d’entrer dans le corps du Ballet de l’Opéra à 16 ans. A 25 ans, elle devient première danseuse et à 27 ans, en 1990, elle est nommée danseuse étoile suite à son interprétation du rôle de Kitri dans la pièce Don Quichotte (lire l’histoire de cette œuvre ici).
Quelques années plus tard, Pietra se tourne vers la danse contemporaine. En 1998, elle se voit diriger le Ballet National de Marseille pendant 5 ans, puis démissionne suite à des conflits entre danseurs. Elle forme sa propre compagnie en 2004, La Pietragalla Compagnie, et fonde, avec son mari Julien Derouault, le Théâtre du corps, lieu de recherche chorégraphique. Ils sont d’ailleurs actuellement à l’affiche avec Mr et Mme Rêve, une sacrée expérience en 3D, entre le réel et le virtuel, l’histoire de 2 personnages évadés du cerveau d’un géant qui traversent le temps, l’espace et l’apesanteur…