Introduction : Cet article clarifie pour le public en France la distinction entre le bandonéon et l’accordéon. Nous comparons deux aérophones à anche libre souvent confondus dans la musique populaire et savante.
Origines rapides : L’ancêtre viennois de 1829 a lancé une lignée d’instruments. Le concertina de Wheatstone et les premiers brevets d’accordéon marquent cette histoire. Plus tard, Castelfidardo devint un centre de production.
Le bandonéon dérive du concertina allemand et a été perfectionné par Heinrich Band. Il a gagné ses lettres de noblesse dans le tango de Buenos Aires. L’accordéon, lui, a évolué vers des modèles diatoniques, chromatiques et des claviers main gauche d’accompagnement.
Axes de lecture : Nous aborderons organologie, système de clavier, ergonomie, soufflet, timbre, répertoires, lutherie et niveaux d’apprentissage. Pour un repère historique détaillé, voyez l’histoire du bandonéon.
Deux aérophones à anches libres, mais deux mondes sonores distincts
La famille organologique regroupe des aérophones dits « à anche battante libre » selon Sachs‑Hornbostel : une lame métallique vibre librement et met en mouvement l’air dans une caisse. Ce principe unit le concertina du XIXe siècle, l’harmonium, l’harmonica, le bandonéon et l’accordéon.
Comment l’air circule et pourquoi le contrôle du soufflet importe
Le souffle mécanique actionne des clapets qui laissent passer l’air vers des petites lames. Quand la lame vibre, elle crée le son ; la pression et la vitesse du vent modulent immédiatement l’attaque et la couleur.
Parenté et divergences
Le concertina partage le même principe, mais la géométrie du clavier et l’architecture interne orientent le répertoire. Ainsi, un même instrument de la famille produit des sons et des gestes de jeu très différents.
- Ergonomie : main droite/main gauche et disposition des touches.
- Architecture : double anche à l’octave sur certains modèles vs unisonore.
- Usage : musique de salon, bal ou orchestre selon l’instrument.
Cette base organologique permet une comparaison raisonnée : même socle, mais voies et usages distincts.
Des origines communes au XIXe siècle, des trajectoires opposées
Au XIXe siècle, deux lignées d’instruments naissent et prennent des routes très différentes.
Accordéon : dès 1829, le brevet de Demian lance un modèle bi‑sonore conçu pour le salon. En 1840–41, Léon Douce propose l’« accordéon harmonieux » qui ouvre la voie à l’unisson. En 1852, P.-J. Bouton introduit le clavier piano, et en 1863 Paolo Soprani organise la production à Castelfidardo. Vers 1900, l’essor de l’accordéon chromatique stabilise le modèle et favorise sa diffusion en Europe et en France.
Bandonéon : le projet naît du concertina allemand et de la conceptualisation par Heinrich Band. Les ateliers Zimmermann à Carlsfeld puis E.L. Arnold et Alfred Arnold produisent des exemplaires artisanaux, dont le fameux « Doble A ». Les années d’entre‑deux‑guerres voient d’importantes exportations vers Buenos Aires et l’affirmation de l’instrument dans le tango.
La guerre mondiale et les nationalisations en RDA (Harmona) réduisent la qualité de production. Carlsfeld ferme en 1964 et les exemplaires haut de gamme se raréfient.
| Chronologie | Accordéon | Bandonéon |
|---|---|---|
| Début XIXe | 1829 : brevet Demian; modèle bi‑sonore | Concertina → conceptualisation par Heinrich Band |
| Milieu XIXe | 1840–52 : Douce, Bouton (clavier piano) | Fabrication par Zimmermann à Carlsfeld |
| Fin XIXe – XXe | 1863 : Soprani industrielle; accordéon chromatique vers 1900 | ELA / AA produisent le « Doble A », export vers Buenos Aires |
| XXe siècle | Diversification, jazz et musique contemporaine | Déclin industriel, nationalisations, puis renouveau via Piazzolla |
Systèmes de clavier et de souffle: tirant/poussant versus unisonore
Le choix du clavier et la réponse du soufflet transforment l’approche technique et le phrasé de ces instruments.
Diatonique bi‑sonore et chromatique uni‑sonore
Les modèles bi‑sonores donnent un son différent en tirant et en poussant. Cela crée une alternance de notes qui influence la continuité des phrases et la gestion des répétitions.
À l’inverse, les modèles uni‑sonores délivrent la même note dans les deux sens du soufflet. Le jeu gagne en régularité et certaines liaisons deviennent plus faciles.
Rheinische Lage, Peguri et impacts pratiques
Le système « Rheinische Lage » (71 boutons/142 voix) offre une grande richesse harmonique. Mais il exige une coordination serrée entre main droite et main gauche.
Le système Peguri, unisonore en France, propose une logique symétrique. Il simplifie certains enchaînements, au prix d’une diffusion plus limitée.
- Tirant‑poussant : change les doigtés et la notation.
- Uni‑sonore : facilite les trilles et les ligatures.
- Accordéon diatonique = bi‑sonore ; chromatique = uni‑sonore.
| Caractéristique | Bi‑sonore (tirant/poussant) | Uni‑sonore |
|---|---|---|
| Exemple | Rheinische Lage / diatonique | Peguri / Kusserow / chromatique |
| Produit | Notes différentes selon le sens | Même note dans les deux sens |
| Impact sur le jeu | Phrasés hachés, doigtés miroir | Liaisons fluides, trilles simplifiés |
| Complexité | Haute — exigeante techniquement | Modérée — apprentissage symétrique |
Claviers, mains et ergonomie: main gauche, main droite, basses et boutons
L’ergonomie du clavier façonne le geste et la sonorité de chaque instrument. Sur le bandonéon, chaque main est sanglée : les pouces restent libres tandis que les doigts visent des boutons disposés en rangées courbes.
Un bouton commande une note, la proximité des touches exige une proprioception fine. La main droite prend en charge les aigus ; la main gauche, les graves. Les accords se construisent souvent note par note, ce qui demande une coordination élevée.
À l’accordéon, la sangle passe sur les épaules et la main gauche active fréquemment des basses standards préfabriquées. Ce système facilite les accords automatiques. En revanche, les modèles à basses libres laissent les deux claviers devenir mélodiques et ouvrent un potentiel contrapuntique proche de celui du bandonéon.
Le doigté suit la logique : la main droite conduit la mélodie, la main gauche assure basse et contrechant. Dans la pratique, cela façonne le style et la couleur de la musique jouée.
Sur le plan pédagogique, le repérage spatial des boutons et la mémoire musculaire sont essentiels. Les passages denses en notes se sécurisent par un travail lent et répété.
Enfin, la main gauche fatigue souvent plus sur le bandonéon, liée au contrôle du soufflet et aux appuis sur les graves. Soigner l’ergonomie du poignet réduit les tensions et prolonge la pratique.
Soufflet et expressivité: le cœur du jeu
Le souffle piloté par le soufflet est le vrai « pinceau » du musicien : il modèle l’attaque, la couleur et la durée d’une note.
Longueur, souplesse, pression d’air
La longueur du soufflet influe directement sur la tenue des notes. Sur le bandonéon, la course peut atteindre près de 1,5 m, ce qui autorise de longs crescendos filés et des inflexions quasi vocales.
La souplesse permet de sculpter la phrase comme une respiration : un geste lent pour un legato, un tiré sec pour un marcato.
Contrôle fin de la pression
La gestion du vent distingue l’attaque marcato de l’attaque douce. En modifiant doucement la pression d’air, le joueur stabilise une note tenue et crée des micro‑crescendo à l’intérieur d’un même son.
Effets et techniques avancées
Pompes, accents directionnels et percussions de soufflet élargissent la palette expressive. Les clics de touches et les bruits de frottement deviennent parfois éléments rythmiques intégrés à la musique.
Comparaison pratique
Principe identique, sensations différentes : l’ancrage des mains et la course plus grande du soufflet du bandonéon donnent une réponse plus charnelle. L’accordéon offre une résistance souvent plus uniforme.
Exercices conseillés
- Tenue longue à pression stable (2 minutes par phrase).
- Micro‑crescendo et diminuendo sur une seule note.
- Changements de direction sans rupture sonore.
| Aspect | Bandonéon | Accordéon |
|---|---|---|
| Course du soufflet | Jusqu’à ~1,5 m — plus grande amplitude | Course plus courte — réponse plus régulière |
| Expressivité | Nuances vocales, inflexions dramatiques | Contrastes dynamiques stables |
| Techniques spéciales | Percussions de soufflet, clics, pompes | Accents directionnels et contrôles fins |
| Usage esthétique | Tango, phrasés coupés et rubato | Musette, accompagnement et variété |
Timbres et sonorités: vibrato musette contre voix plaintive du fueye
Les matériaux et l’usinage des plaques déterminent en grande partie le caractère sonore d’un instrument. Les lames en acier sont vissées sur des plaques de zinc ou de duralumin (alliage aluminium 1908). Ce choix module l’attaque, la brillance, la chaleur et la projection.

Musique sur plaque, lames et couleur
Musique sur plaque désigne la qualité des anches, les tolérances d’usinage et le positionnement. Une plaque bien usinée donne des attaques nettes et une tenue de note stable.
Le zinc tend à produire des sons plus doux et chauds. Le duralumin offre davantage de projection et de clarté. Les ateliers AA/ELA, par leur facture, influencent fortement cette nuance.
Signature timbrale et usages
Le bandonéon a un grain serré, légèrement voilé, avec des attaques franches. Sa palette permet des inflexions proches de la voix humaine : respirations, soupirs, plaintes. Le contrôle du soufflet rend possible la micro‑modulation de la fin de note.
Par contraste, l’accordéon musette joue souvent sur un léger désaccord entre rangées. Ce battement crée un vibrato naturel. Le résultat est chatoyant, joyeux et adapté à la valse musette ou à la java.
« Un même geste de soufflet peut évoquer une plainte ou déclencher un tourbillon de danse. »
Sur scène, le luthier et le musicien choisissent les lames et l’accordage selon l’effet voulu : un son sec, proche du piano, ou une enveloppe plus ample et chantante.
Pour explorer davantage le jeu et la facture, consultez cet article sur le bandonéon en lutherie.
Répertoires et styles: tango, musette, musique classique et jazz
De Buenos Aires à Paris, les usages scéniques tracent la géographie musicale de ces airs. Les répertoires montrent combien un même souffle peut se fondre dans des esthétiques opposées.
Buenos Aires : la voz tango
À Buenos Aires, le bandonéon devient la « voz tango ». De Troilo à Piazzolla, il porte phrasés, contrechants et la dramaturgie rythmique.
Paris : le musette des bals
En France, entre 1900 et 1950, le musette règne sur les bals — valse, java, foxtrot et pasodoble. L’accordéon chromatique y assure tenue d’accords et brillance.
Ambassadeurs du jazz manouche comme Gus Viseur et Jo Privat ont aussi élargi la palette.
Pour l’ambiance rétro et la danse, voir ambiance musette.
Musique savante et contemporaine
Le XXe siècle voit l’entrée en musique classique : Hindemith, Berg, puis Berio avec Sequenza XIII. Depuis les années 2000, solistes comme Richard Galliano imposent cet instrument en concerto et en musique de chambre.
« L’instrument se prête au solo comme à l’orchestre, selon l’esthétique recherchée. »
- Carte rapide : tango (Buenos Aires), musette (Paris), jazz, folklore, musique classique.
- Place scénique : moteur dans un orchestre de tango, mélodie et accompagnement en musette.
Marques et lutherie: AA/ELA, Soprani, Bouton, Hohner, Maugein
Certaines marques ont établi des standards de qualité encore recherchés par les musiciens aujourd’hui.
ELA et Alfred Arnold, à Carlsfeld, dominent la facture des bandonéon. Le célèbre « Doble A » reste un modèle de référence, apprécié pour la qualité des anches et la précision de la musique sur plaque.
En ligne d’accord, Soprani a industrialisé l’accordéon depuis 1863. Bouton introduit le clavier piano en 1852. Hohner lance des diatoniques dès 1903. Maugein naît à Tulle en 1919 et consolide la tradition française.
La variété des modèles va du système bisonore Rheinische Lage aux solutions unisonores Peguri. Pigini a relancé des séries récentes. Fratelli Crosio a diffusé des bandonéons en France, offrant d’autres signatures sonores.
Conseils d’achat : vérifiez le soufflet, la planéité des plaques, la réactivité des clapets et le numéro de série AA. Privilégiez les pièces disponibles chez un luthier français pour l’entretien.
| Marque | Origine | Signature |
|---|---|---|
| ELA / Alfred Arnold | Carlsfeld (DE) | Doble A — anches précises, riche grain |
| Soprani | Castelfidardo (IT) | Production industrielle, modèles piano |
| Hohner | Allemagne | Diatoniques robustes |
| Maugein | France (Tulle) | Finition soignée, fiabilité |
« Des ateliers de Carlsfeld à Castelfidardo, chaque maison a laissé une empreinte durable sur l’histoire de ces instruments. »
Histoire culturelle: places et imaginaires en France et en Argentine
Après la Grande Guerre, les rues et les bals parisiens ont entendu monter la voix d’un nouveau roi des fêtes. Ce changement façonne un imaginaire populaire autour du geste et du son.
De la “chevrette” au piano à bretelles dans les bals parisiens
En France, l’accordéon remplace la cabrette dans les bals musette après la Première Guerre mondiale.
Le « piano à bretelles » devient le symbole des fêtes d’ouvriers et des danses : polka, mazurka, java et valse. Le Front populaire et l’ouverture du Balajo en 1936 consolident sa place sociale.
Un instrument immigré devenu emblème du Río de la Plata
À Buenos Aires, le bandonéon arrive par les marins et les migrants. Il quitte les quartiers populaires pour occuper l’orchestre de tango.
Le rôle du soliste se renforce : le souffle et le soufflet dessinent la mélancolie et le drame nationaux.
« Ces instruments portent la mémoire ouvrière autant que la fierté culturelle. »
| Région | Place sociale | Répertoires associés |
|---|---|---|
| France | Bals musette, fêtes populaires | Valse, java, polka, chanson |
| Argentine | Orchestre de tango, soliste | Tango, milonga |
| Années 1920–30 | Échanges transatlantiques | Influences croisées Paris–Buenos Aires |
Ces places historiques nourrissent encore la musique actuelle et la perception du public. Pour approfondir l’aspect culturel, voyez cette étude sur les circulations culturelles.
Apprentissage, difficulté et techniques de jeu
La transmission du geste diffère selon les scènes et les traditions locales. En Argentine, la pratique privilégie souvent l’oreille : apprentissage oral, répétitions en orchestre et transmission intergénérationnelle.

Autodidaxie du tango vs cursus académique
Pour le bandonéon, beaucoup de musiciens restent autodidactes. Le répertoire tango s’apprend par l’écoute et le bain collectif.
À l’inverse, l’accordéon a intégré les conservatoires (CNSMD de Paris depuis 2002). Les classes proposent technique, solfège et basses libres.
Techniques et coordination
Le bisonore complique la cartographie du clavier : tirer ou pousser change la note. La courbe de difficulté est raide et exige un travail quotidien ciblé.
Parmi les techniques utiles : trémolo, trille, glissando, mordant et picotage. Le soufflet sert autant à articuler qu’à porter l’air.
L’apport des basses libres offre à l’accordéon un potentiel polyphonique. Deux mains peuvent devenir mélodiques et permettre des transcriptions exigeantes du piano ou du baroque.
« Indépendance main droite/main gauche : clé d’un jeu précis et expressif. »
Bandonéon ou accordéon : quelles différences essentielles ?
La synthèse montre que ces deux instruments partagent un même principe physique, mais dessinent des esthétiques bien distinctes.
Organologie, clavier, timbre, répertoire: la synthèse comparative
Organologie : ce sont des aérophones à anches libres. Le principe est identique, la géométrie et la mécanique diffèrent.
Clavier : le système bisonore (Rheinische Lage) modifie la note selon le sens du soufflet. Le modèle unisonore (Peguri, accordéon chromatique) donne la même note tirant/poussant.
Timbre : l’accordéon joue souvent sur un vibrato par battement, utile au musette. Le grain du fueye est plus plaintif, adapté au tango et aux climats dramatiques.
Usages : en orchestre de tango, la voix expressive est recherchée. En bal musette, l’accompagnement stable prime. Les deux instruments franchissent cependant les frontières : jazz, musique classique et projets de chambre montrent leur polyvalence.
Soufflet : la course plus grande offre une latitude dynamique plus large, tandis que l’autre modèle favorise une stabilité harmonique pour l’accompagnement soutenu.
« Le choix dépend surtout du répertoire, du toucher et de la couleur recherchée. »
| Aspect | Système bisonore | Système unisonore |
|---|---|---|
| Exemple | Rheinische Lage (bandonéon) | Peguri / accordéon chromatique |
| Effet sur le jeu | Doigtés alternés, phrasés hachés | Liaisons fluides, répétitions simples |
| Timbre préféré | Grain vocal, expressif (tango) | Brillance, vibrato musette (bal, accompagnement) |
| Soufflet | Course plus grande — dynamique large | Course plus courte — stabilité harmonique |
Cas d’usage: choisir selon la scène, l’orchestre et l’émotion recherchée
Le choix d’un instrument dépend d’abord du lieu, de la distance de projection et de l’émotion à transmettre.

Tango, musette, chanson, funérailles, musique de chambre
Tango scénique ou bal : pour la voix dramatique du tango, le bandonéon s’impose. Son timbre chaud et nuancé porte la mélancolie et les contrechants en orchestre.
Bal musette, guinguette, chanson : l’accordéon est idéal. Il offre une assise harmonique robuste et une présence rythmique adaptée au public et à la danse.
Cérémonies funéraires : le bandonéon peut remplacer l’orgue dans les paroisses sans instrument. Sa palette expressive convient à un répertoire allant de Bach à Piazzolla.
- Musique de chambre : duo piano‑instrument, quatuor à cordes ou ensemble mixte — choisissez selon la place et la projection.
- Jazz/folk : l’accordéon soutient l’harmonie ; le bandonéon apporte une couleur singulière et une articulation spécifique du jeu.
« Volume, acoustique, durée et aisance du musicien sont les critères décisifs. »
En résumé, regardez la place, le public et le répertoire. Cet instrument peut accompagner la voix avec délicatesse ; comme accordéon, il peut aussi incarner une forte dramaturgie selon le projet.
Disponibilité, budget et restauration: réalités du marché actuel
Trouver un instrument adapté implique de croiser budget, disponibilité et état de restauration.
Rareté, coûts et alternatives
Les bandonéons AA/ELA anciens sont devenus rares et recherchés. Après les nationalisations des années 1949–1959 et la fermeture de Carlsfeld en 1964, la qualité a souvent baissé.
La restauration courante comprend soufflets étanches, redressage des plaques, remplacement d’anches et réglages fins des clapets. Ces travaux redonnent justesse et projection, mais pèsent sur le budget.
- Alternatives modernes : quelques fabricants, comme Pigini, relancent des modèles fiables.
- Pour l’accordéon : l’offre neuve et d’occasion reste plus abondante; Maugein est une référence en France.
« La valeur tient autant à l’état qu’à la marque et au modèle. »
Protocole d’essai conseillé
Vérifiez l’étanchéité, la réponse des graves et des aigus, la stabilité sous différentes pressions et l’alignement mécanique.
| Critère | Impact | Coût indicatif |
|---|---|---|
| Soufflet étanche | Étanchéité et dynamique | Modéré à élevé |
| Anches | Projection et justesse | Élevé |
| Plaques & réglages | Réactivité et timbre | Modéré |
| Pièces rares (AA/ELA) | Valeur de collection | Très élevé |
En conclusion, privilégiez une inspection par un luthier et un test prolongé en condition réelle. Un entretien régulier protège la musique et l’investissement dans cet instrument.
Repères historiques clés: brevets, guerres et modernisations
Les années 1840–1860 marquent une accélération des inventions : claviers, dépôts de brevet et fabriques se multiplient.
Douce, Bouton, Soprani — jalons du XIXe siècle
En 1840, Léon Douce publie l’idée d’un « accordéon harmonieux ». En 1852, Bouton dépose un modèle à clavier piano qui change l’usage scénique.
En 1863, Soprani fonde sa manufacture à Castelfidardo, signe d’une industrialisation qui conduira, vers 1900, à l’émergence de l’accordéon chromatique.

Deux lignes, des apogées différentes
La filiation concertina → instrument de Heinrich Band puis Alfred Arnold situe la lutherie allemande au cœur de la diffusion des bandonéons.
Parallèlement, Soprani, Hohner (1903) et Maugein (1919) développent une production tourné vers le bal et le musette en France.
Guerres, nationalisations et renouveau
Les deux guerres et les nationalisations en RDA (ELA/AA → Harmona) ont fragilisé la qualité industrielle; Carlsfeld ferme en 1964.
Après la Seconde Guerre mondiale, des innovations comme l’harmonéon (Monichon, 1948) et la recherche de nouveaux systèmes et basses libres ouvrent l’accès à la musique classique.
« Brevets, ateliers et crises politiques ont modelé les modèles que nous jouons encore aujourd’hui. »
| Période | Faits marquants | Impact |
|---|---|---|
| 1840–1863 | Douce, Bouton, Soprani | Claviers piano, industrialisation |
| Fin XIXe – années 1900 | Accordéon chromatique, Hohner | Standardisation des modèles |
| XXe siècle | Entre‑deux‑guerres, guerres, nationalisations | Diffusion du tango, recul de certaines manufactures |
Guide express de décision: quel instrument pour quel musicien ?
Choisir entre ces deux instruments dépend surtout du répertoire visé et du geste que le musicien veut développer. Ce court guide aide à trancher selon profil, scène et contraintes pratiques.
Profil, style, technique, place dans l’orchestre : critères décisifs
Répertoire prioritaire : si le projet est franco‑argentin (tango, musiques latines), le bandonéon s’impose. Pour musette, chanson ou folk, l’accordéon offre une polyvalence immédiate.
Profil technique : un clavier bi‑sonore demande une mémoire gestuelle et un travail spécifique. Le clavier chromatique uni‑sonore est plus direct pour la transmission scolaire et les conservatoires.
Place en orchestre : cherchez‑vous un rôle moteur expressif ? Le bandonéon prend souvent la voix solo. Besoin d’un soutien harmonique stable ? L’accordéon assure l’assise et la polyphonie.
- Budget & disponibilité : les bandonéons haut de gamme sont rares et coûteux; les accordéons trouvables neufs ou d’occasion.
- Entretien : soufflet, anches et plaques exigent suivi régulier; planifiez un contrôle annuel.
- Essais : testez les deux instruments en salle pour ressentir la réponse du clavier, la résistance du soufflet et la projection.
« Tester sur scène reste le meilleur moyen de confirmer son choix. »
Conclusion
Plus qu’un affrontement, il s’agit d’une complémentarité de couleurs et de fonctions sur la scène musicale.
Ces deux aérophones nés au XIXe siècle partagent le principe des anches libres, mais ils se distinguent par leur clavier, la gestion du soufflet et le timbre. Le bandonéon incarne le souffle dramatique du tango ; l’accordéon propose une polyvalence du musette à la musique de chambre.
Les repères historiques — brevets, ateliers emblématiques et crises du XXe siècle — expliquent la disponibilité et les choix de jeu aujourd’hui. Pour trancher, rien ne remplace l’essai : toucher, souffle et émotion décident.
Quel que soit le choix, cet instrument offre un parcours riche. Écoutez, prenez en main, et laissez la musique guider votre décision.

